À l’approche de l’été, ce ne sont pas tant la chaleur et le soleil qui deviennent étouffants, mais plutôt les injonctions autour du corps féminin. "L’été arrive, mesdames, pensez à maigrir, à gommer vos formes et à ne surtout pas occuper trop de place sur nos plages." Le corps incarné, réel, semble interdit.
Ces attentes pesantes, je les ressens d’autant plus que mon parcours artistique avance. Plus je m’immerge dans l’art et ses représentations, plus je constate que le corps féminin est nié dans sa vérité biologique : pas un poil, pas une vergeture, pas une seule marque du temps. Tout est écrasé sous un idéal fabriqué, sous un regard masculin consommateur et idéalisé, le fameux "male gaze".
Ce regard est omniprésent, même en nous, artistes féminines. À force de nous en imprégner au fil des images et des normes esthétiques qui nous ont façonnées, il s’est glissé jusque dans nos goûts, dans ce que nous considérons comme "beau".
Depuis des siècles, l’art glorifie la maternité sans jamais montrer le réel : une femme au ventre rond, une jeune mère portant les marques de l’enfantement. Ces femmes ne sont ni moins belles, ni moins désirables ; elles sont réelles. Et pour nous libérer de ce regard inquisiteur que nous posons parfois sur nos propres corps, nous avons besoin de les voir, ces corps vrais, ces femmes vraies.
Mis en ligne le 07 Nov 2024
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