Merci à Mathieu pour son texte qui m'a inspiré (https://www.instagram.com/_rxmat_)
Renaissance
Mes os étaient du verre pilé,
mes veines, des fils de fer rouillé.
J’avalais mes larmes comme du sel,
mes mains ne savaient plus caresser.
Dans ma poitrine battait
un tambour de guerre,
ma peau gardait l’empreinte
de tous les couteaux invisibles.
Le temps coulait dans mes blessures
comme du sable entre les doigts.
Qui étais-je avant la cassure ?
Mes souvenirs fondaient comme la neige.
Le matin avait un goût de cendre,
le pain se brisait entre mes dents,
l’eau coulait sur ma langue
comme du plomb fondu.
La mort habitait mes articulations,
elle marchait dans mes pas.
J’étais vivant mais absent,
fantôme de ma propre chair.
Puis un jour, mes doigts
ont touché l’écorce d’un chêne.
Rugueuse. Vivante.
Mes paumes ont bu sa durée.
Dans cette écorce millénaire,
j’ai lu l’histoire du monde :
orages traversés, saisons endurées,
racines qui ne lâchent jamais.
Lentement, la terre
est remontée dans mes jambes,
portant avec elle
le mystère de ce qui persiste.
J’ai mordu dans une pomme,
le jus a coulé sur mon menton.
À travers cette chair sucrée,
j’ai goûté l’éternité des automnes.
Mes côtes se sont écartées,
mes poumons ont respiré
l’air qui a rempli
tous les poumons avant moi.
Aujourd’hui, mes cicatrices
racontent une vérité :
nous sommes faits pour rompre
et pour nous recomposer.
Je pose mes mains
sur mon ventre qui se soulève,
je sens battre le cœur
de tous ceux qui ont souffert et survécu.
Car nous ne sommes qu’un seul homme,
dispersé en milliards de corps,
apprenant sans cesse
à mourir et à renaître.
L’homme que je suis
pousse comme le blé
sur la terre retournée
de tous les hommes que nous fûmes.
Mis en ligne le 24 Sep 2025
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