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Evitez le stress, ça peut sérieusement vous détruire...


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C'est un beau témoignage. C'est aussi quelque chose que j'aime sur ce forum...

C'est drôle, j'ai un peu le même problème et pas le même problème à la fois. Je m'explique : j'étais comme ça vers 20 ans avec mes études (lettres/philo). Une malade mentale. J'adorais ça en fait, mais je me tuais à la tâche, en fait je n'avais que ça dans ma vie, les études, et comprendre le monde, et avaler tous les livres qui me tombaient sous la main. Je n'avais pas la moindre idée qu'il existait quelque chose qui s'appelait "vie sociale". En même temps, je n'ai jamais été une bûcheuse, c'est à dire le genre de personne à faire des fiches, à réviser ses cours, etc. J'étudie très mal, au sens technique du terme, mais je suis très curieuse. J'étais très impliquée dans mes études pour les réussir mais très introspective en même temps, je ne trouvais l'énergie de faire les choses que lorsqu'elles trouvaient une forte résonance en moi, un sens. Je n'ai jamais été douée pour me forcer ou me cravacher.

C'est un problème avec le dessin, car à chaque fois que je me suis posée des objectifs de progression de ouf, que j'ai essayé de faire des plannings beaux et ambitieux pour organiser mon apprentissage, ça a fait un gros flop au bout de deux semaines, et le coeur n'était de toute façon pas à ce que je faisais. Pour autant je n'ai jamais totalement arrêté de dessiner, et mon niveau a trouvé le moyen de progresser lentement tout seul. Il n'est pas exceptionnel, on s'entend, mais j'ai toujours trouvé qu'au fur et à mesure que je grandissais, je finissais par avoir à peu près "les moyens de mes idées", si l'on peut dire, ou je finissais toujours par les trouver, et cela m'étonnait. Par exemple, un beau jour, littéralement du jour au lendemain, je me suis aperçue que je savais dessiner en perspective. Enfin, que la "vision 3D" s'était débloquée toute seule dans mon oeil mental, sans que j'aie eu spécialement à forcer pour.

Avec les années, je mets ça sur le compte d'une chose : l'évolution naturelle du regard. Finalement, pourquoi je dessine (même quand je n'ai pas de but ou de message précis) ? Parce que j'aime mettre des états, des impressions, des "visions intérieures" en images. Les matérialiser pour en faire un langage. Même de manière très modeste, à mon petit niveau. Et ça je le fais spontanément, parce que j'en ai envie et besoin. Et de même que sans m'en rendre compte, j'écris mieux et je pense mieux à 28 ans qu'à 18, parce que j'ai mûri, je pense que mon dessin évolue aussi de cette façon, parce que mon regard sur le monde et ma capacité à faire des liens entre les choses, de manière générale, évolue. Par palliers, mais tout au long de ma vie.

Et tout ça pour dire, morale de l'histoire : en termes de progression en dessin, la maturité aussi maintenant me rend plus consciente de la nécessité de faire des exercices pour progresser, me rend plus patiente également à ne pas tout de suite voir les fruits de mon travail. Mais surtout, je crois que je veux tirer parti de ce principe que j'ai compris au fil de ma vingtaine, sur cette évolution spontanée de mon regard. Je veux tabler sur du temps long, me dire que ce n'est pas seulement en dessin que je veux progresser, de même qu'on ne progresse pas simplement "en écriture", ou qu'on n'apprend pas une langue à la perfection sans la pratiquer pour des besoins réels. Je veux me développer humainement, développer mon oeil intérieur, mon discernement, ma vision, ma compréhension des choses. Mais ceci et global, et lent. Ca me permet de me dire que je n'ai pas à paniquer sur ma progression artistique ou me mettre une pression terrible : ça ne rendra pas mon art meilleur, en fait ça le rendra probablement pire, et surtout ça va tuer ma pratique. Je veux réussir à intégrer cette pratique à ma vie, et pour cela, il faut qu'elle la nourrisse et qu'elle s'en nourrisse. Sinon je peux faire autant d'efforts que je veux : ça ne mènera à rien. Ca ne me fera pas tant progresser que ça (moins que quand je dessine avec amour, spontanément et sans compter mes heures), et ça finira par me dégoûter complètement.

Il faut que je parvienne à toujours me rappeler pourquoi je fais tout ça. Pas seulement les "bonnes raisons" (bla-bla-bla), mais aussi "l'amour" qui me mène à cela. Le courant souterrain, la raison non productive, celle qui a à voir avec la vie. C'est cucu-la-praline, peut-être (d'ailleurs ça avait bien fait marrer les gens sur un forum d'animateurs où j'étais il y a quelques années, qui ne juraient que par la cravache), mais en fait je suis assez sûre de mon coup. Si mes préoccupations artistiques finissent par tuer ma vie, c'est qu'il y a un problème et c'est que je dois aller re-puiser à la vie elle-même. C'est un peu comme un potager, selon moi. C'est pas moi qui fait pousser les trucs, ça pousse tout seul et moi je crée les conditions pour que ça pousse, je taille, je traite, j'ensoleille comme il faut, j'arrose. Voilà, l'art c'est comme un potager pour moi. Ca sert à rien de tirer sur les fleurs pour qu'elles sortent. 😁

Inspiration matinale...

Modifié par Proxima Du Centaure
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"Je crois que ce qui ne nous tue pas nous rend simplement plus... bizarre".

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  • 4 weeks later...

Merci pour ton témoignage❤️, ça permet de relativiser et de voir qu'on est pas seul à galérer.

Je te souhaite beaucoup de courage et bon rétablissement, accroches toi.

  • J'aime 1

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