La peinture à style troubadour en histoire de l'art

Publié le 20 juin 2019 par Mello dans Histoire de l'art : Chronologiquement - histoire, Peinture traditionnelle, peinture - 6

Le style troubadour est le nom que l’on donne à un mouvement artistique que l’on retrouve essentiellement dans la sculpture, l’architecture et la peinture. Ce mouvement, éphémère dans l’histoire de l’art, s’épanouit dans la première moitié du XIXème siècle. En raison de sa proximité avec l’histoire royale, on rattache souvent ce style à la période de la Restauration, pourtant on retrouve déjà ses traces durant la période impériale.

Il est important de rappeler que d’un point de vue historiographique, le terme de troubadour a été employé à partir des années 1880 pour désigner toute la production des peintures illustrant une période médiévale fantasmée, avant de concerner l’ensemble de la production artistique.

Ce terme a volontairement été choisi pour son aspect péjoratif. On peut prendre l’exemple de l’historien d’art Henry Havard (1838-1921), qui a écrit à ce sujet que : « pendant la Restauration, on assista à un retour marqué vers le Moyen Âge, origine de la monarchie qui venait de reparaître ; mais à un retour enfantin, indigeste, où l'on se contentait d'apparences mal comprises, d'à-peu-près insuffisants, et qui méritait, à tous ces titres, un grotesque surnom. Mouvement intéressant à étudier, cependant, qui ne devait produire de sérieux résultats que beaucoup plus tard, bien que son origine ne remonte bien plus haut qu'on ne le croît ordinairement ».

Cependant, les remarques de cet historien ont été rédigées dans un ouvrage dont l’objectif était d’étudier tous les styles dans leur ensemble dans ce qui touche à l’ameublement et l’architecture. Ainsi, de facto, la peinture troubadour n’est pas nécessairement concernée par ce que l’historien d’art qualifiait de grotesque dans ce style, puisqu'il ne parlait pas de peinture. Par ailleurs, lorsque l’auteur prolonge son analyse sur le style, il utilise par la suite le terme de « gothique » ou d’« ogival » et non plus « troubadour ». Celui-ci n’étant pas le terme scientifique pour évoquer l’ameublement ou l’architecture.

Le style troubadour dans la peinture reste un mouvement méconnu mais non pas moins riche que les autres mouvements. Toutefois, en raison de ses différentes caractéristiques et de son histoire, on considère le style troubadour comme une thématique particulière du Romantisme.

Histoire

Bien qu’éphémère dans l’histoire de l’art, le style troubadour possède une histoire intéressante. Il trouve ses premières influences dans le néo-gothique anglais du dernier tiers du XVIIIème siècle. En France, on peut identifier les premières traces d’un retour du Moyen-Âge avec la publication des Mémoires de l’ancienne chevalerie en 1759 et d’une publication dans les années 1770 de fabliaux médiévaux par le Comte de Tressan (1705-1783). La Marquise de Créquy (1714-1803) témoignait en effet un pressentiment en ce sens : « Il me semble qu'on est déjà rassasié des charmes de l'Antique ; le Moyen Âge a l'air de nous arriver à pas de loup [...]. J'ai déjà vu des panneaux de voitures et des empreintes de cachet avec lettres gothiques... J'ai le pressentiment du gothique et je crois que nous allons retomber dans le naïf de Jean Baïf... »

Mais c'est de manière tout à fait paradoxale que le Moyen-Age rejaillit sous la Révolution ; en effet, avec les destructions de tout ce qui touchait de près ou de loin aux souvenirs de la royauté française, Alexandre Lenoir (1761-1839) cherche à lutter contre le vandalisme. Il parvient à sauver plusieurs monuments et sculptures de la destruction. Son sauvetage permet notamment la fondation du musée des Monuments français en 1795. Le musée présentait les œuvres dans une succession de salles dans l’ordre chronologique, cherchant à reconstruire par le décor et les œuvres elles-mêmes, le goût du temps et l’atmosphère médiévale. La reconstitution de cette galerie du temps permit de frapper les esprits et inspira les artistes qui souhaitaient rompre avec les sujets du néoclassicisme.

L'engouement suscité par les sujets médiévaux va survivre à la période révolutionnaire et se développer sous la Restauration, avant de s’éteindre progressivement après la chute de la Monarchie de Juillet.

Malgré des origines et des inspirations anciennes, le premier véritable tableau troubadour est présenté au Salon de 1802. C’est une œuvre de Fleury-Richard (1777-1852), Valentine de Milan pleurant la mort de son époux.

Fleury François Richard, Valentine de Milan pleurant son époux le duc d'Orléans, Musée de l'Ermitage 1802
Fleury François Richard, Valentine de Milan pleurant son époux le duc d'Orléans, Musée de l'Ermitage 1802.
 

Le peintre aurait puisé son inspiration dans le musée des monuments français d’Alexandre Lenoir. Ce tableau eut un énorme succès en raison de l’émotion dégagée par le sujet et l’aspect inédit de la période représentée. Le peintre fut également loué pour la précision de sa composition que l’on considérait comme réaliste, voir quasi-documentaire. David voyant le tableau se serait écrié qu'il « ne ressemble à personne, c’est aussi nouveau d’effet que de couleur ; la figure est charmante et pleine d’expression, et ce rideau vert jeté devant cette fenêtre fait une illusion complète ».

Caractéristiques

Naturellement, le thème et l’objet des représentations médiévales permet de reconnaître rapidement la peinture Troubadour : on retrouve des chevaliers, des pages et des dames dans des compositions évoquant l’histoire du Royaume de France et des autres Couronnes d’Europe, une variété d’anecdotes historiques illustrée sur le ton de la légende ou encore des récits littéraires et fantastiques. Cependant, il ne faut pas considérer que la peinture troubadour s’arrête avec la disparition des cottes de mailles. En réalité, les peintres y font entrer aussi des scènes tirées du règne de Charlemagne, voire de Clovis, jusqu’au XVIIème siècle des Mousquetaires, Mazarin et Louis XIII.

Emile Signol, Dagobert Ier roi d'Austrasie de Neustrie et de Bourgogne, musée de Versailles, 1842
Emile Signol, Dagobert Ier roi d'Austrasie de Neustrie et de Bourgogne, musée de Versailles, 1842
 
Francesco Hayez, Le dernier baiser de Roméo et Juliette, Villa Carlotta, 1823
Francesco Hayez, Le dernier baiser de Roméo et Juliette, Villa Carlotta, 1823
 

Ce syncrétisme historique se comprend facilement lorsqu’on apprend que les savants classiques ont eu du mal à cerner une césure chronologique précise entre les temps modernes et médiévaux. François Pupil, dans son ouvrage (p146) explique que les savants eurent conscience de la fin des « temps gothiques » mais qu’ils ne la rattachaient pas à la chute de Constantinople ou à la découverte des Amériques. Ils reconnaissaient toutefois l’importance du règne de François I pour l’entrée de la France dans la Renaissance et pour ses réformes de l’Etat. Cependant, le règne de ce monarque étant long, les savants « restèrent fidèles à un récit événementiel calqué sur la succession des races de la monarchie et ne firent pas de coupures notables dans la suite des Valois. »

Alexandre Hesse, Godefroy de Bouillon faisant acte d'allégence à Alexis Comnène, Versailles, 1842
Alexandre Hesse, Godefroy de Bouillon faisant acte d'allégence à Alexis Comnène, Versailles, 1842
 

En conséquence, les peintres et ceux qui s’amusèrent à imaginer le Moyen-Âge firent des confusions remarquables entre le Moyen-Age et les Temps Modernes dans ce qui concerne par exemple la représentation du costume et les usages prêtés aux personnages représentés. Ainsi par exemple, sous la plume du Comte de Tressan (1705-1783), les héros chevaleresques s’expriment avec le langage que donne Mme de Lafayette à sa Princesse de Clèves. Les croisés portent des pourpoints tailladés du XVIème siècle et vivent leurs aventures dans des décors classiques.

Pierre Révoil, La convalescence de Bayard, musée du Louvre, 1817
Pierre Révoil, La convalescence de Bayard, musée du Louvre, 1817
 

D’un point de vue technique, la peinture troubadour s’attache généralement à jouer avec les contrastes d’ombre et les couleurs chaudes et éclatantes, ce qui, associé avec un travail minutieux du pinceau, permet aux artistes de décrire les costumes, les meubles et l’architecture avec vraisemblance et raffinement.

Fondements et thématiques des troubadours

La nostalgie d’un ancien monde

La singulière réappropriation de l’imaginaire médiéval par la société du XIXème siècle est une véritable curiosité intellectuelle. Bien que commencé par le XVIIIème siècle, ce passé médiéval imprégnait les institutions de l’Ancien Régime et survivait dans le temps en transmettant nombre de ses caractères à l’organisation du Royaume malgré (et avec) la modernisation de l’Etat.

La Révolution française a brisé dans la violence l’organisation du pays et son essence, pour les remplacer par un Nouveau Régime. Toutefois, le paradoxe fait que si la Révolution a cherché à détruire ce qui constituait le Royaume de France, l’ensemble de la société s’est tourné vers l’Ancien Régime avec une bienveillance surprenante pour des détracteurs de la royauté. La période de la Restauration qui consiste en la résurrection du Royaume de France (malgré certains changements législatifs révolutionnaires) sous le règne de Louis XVIII et Charles X, en témoigne. François Pupil, dans sa thèse sur le style Troubadour, explique en effet (p527) que la société avait gardé une sympathie pour les institutions millénaires de la nation et que la coloration chrétienne de l’ensemble, populaire et aristocratique à la fois, permettait à la société de se retrouver. La redécouverte de la brillante civilisation des chevaliers favorisa la tendance et l’idéalisation de l’art troubadour.

Une lecture politique ?

Le style Troubadour a permis de cristalliser dans la création artistique les regrets de la société pour son passé. Toutefois, la survivance du Royaume de France entre 1815 et 1830 puis la mise en place de la Monarchie de Juillet jusqu’en 1848 oblige à se demander s’il n’y a pas eu, derrière le style Troubadour, des velléités politiques qui auraient cherché à redonner à la royauté toute sa légitimité. (Musée de Versailles)

Si, a priori, l’idée est envisageable d’un point de vue logique, il est important de souligner qu’à ce jour, il n’existe aucune preuve ou aucun indice allant en ce sens (du moins jusqu’en 1830). Il semble en effet que le style troubadour et le goût du Moyen-Age ait fait un retour spontané dans le cœur de la société elle-même. Cela ne veut pas dire que le pouvoir royal n’en a pas profité, mais cela permet d’écarter toute velléité de propagande de la part de la Monarchie traditionnelle de Louis XVIII et Charles X.

Pierre Révoil, François Ier armant chevalier son petit-fils François II, musée Granet, 1824
Pierre Révoil, François Ier armant chevalier son petit-fils François II, musée Granet, 1824
 

De toute manière, la plupart des sujets traités et les dimensions des œuvres montrent bien que nous ne sommes pas du tout dans le registre de la peinture politique comme on avait pu le voir sous l’Empire (avec les peintures illustrant les gloires militaires de Napoléon). Le style troubadour est plutôt un ensemble dans lequel il faut voir, de la part des peintres, une forme d’hommage envers une société et des valeurs que l’on regrette et que l’on a l’impression de ne plus pouvoir récupérer. En ce sens, le terme de « nostalgie » choisi par François Pupil est particulièrement adéquat et symptomatique de ces peintures qui semblent toutes en être imbibées.

Une exception peut-être se retrouve dans la Monarchie de Juillet ; en effet, Louis-Philippe, qui vient de récupérer le pouvoir de son cousin déchu, cherche à faire la synthèse entre les valeurs révolutionnaires et celle de la Couronne. Dans un esprit d’apaisement et d’unification, il va faire du Palais de Versailles un musée de l’histoire nationale. C’est ainsi que l’on retrouve tout naturellement la présence d’épisodes médiévaux, qui, par leurs thématiques (même militaires) entrent dans la catégorie de la peinture troubadour.

Pour la peinture troubadour, la salle la plus intéressante est sans nul doute la salle des Croisades. L’intérêt est double, d’un point de vue historique en raison d’une lecture politique à faire et d’un point de vue artistique car les croisades ont été indirectement l’occasion pour les peintres de représenter à nouveau l’exotisme de l’orient.

Emile Signol, La prise de Jérusalem, Versailles, 1847
Emile Signol, La prise de Jérusalem, Versailles, 1847
 

D’un point de vue politique, Philippe du Puy de Clinchamps écrit dans son ouvrage intitulé La noblesse que Louis-Philippe : « ouvrit, en 1839-1840, une salle des Croisades au palais de Versailles où, pour flatter la vieille noblesse légitimiste, figuraient les armoiries des familles des chevaliers croisés. ». Ce désir de flatterie de la part de Louis-Philippe n’est pas surprenant ; en effet, il n’était pas l’héritier légitime du trône et le clergé comme la noblesse lui étaient farouchement hostiles.

Alexandre-Evariste Fragonard, Saladin à Jérusalem, musée des Beaux-Arts de Quimper, entre 1830 et 1850
Alexandre-Evariste Fragonard, Saladin à Jérusalem, musée des Beaux-Arts de Quimper, entre 1830 et 1850
 

L’héroïsme de la femme

François Pupil évoque de plus les influences de la femme dans le style troubadour. Selon les observations du chercheur (p502), il y a eu très peu d’inspiration féministe dans les créations ou alors elle était très discrète ; les Dames préféraient plutôt recevoir les peintures comme des hommages rendus à leurs héroïsmes d’antan.

Louis Ducis, Le Tasse lisant des vers à Eléonore d'Este, musée Napoléon Turgoviste, 1812
Louis Ducis, Le Tasse lisant des vers à Eléonore d'Este, musée Napoléon Turgoviste, 1812
 

Il explique (p482) que la femme est une figure dominante et qu’on la retrouve dans les sujets de galanterie comme une source d’inspiration des artistes, des poètes ou la récompense (ou le regret) des chevaliers. Les peintres étaient particulièrement attachés à la vision traditionnelle et poétique de la société selon laquelle la femme est le but ultime de toute action. La femme est ainsi généralement le centre de tous les récits, et c’est par elle que triomphe le sentiment sur les autres valeurs. Exemplaire et sensible, elle n’avait pas besoin de démontrer sa supériorité car elle savait « mêler la résolution et le courage le plus farouche à la délicatesse des pensées. ».

Alexandre-Évariste Fragonard, Diane de Poitiers dans l'atelier de Jean Goujo, musée du Louvre
Alexandre-Évariste Fragonard, Diane de Poitiers dans l'atelier de Jean Goujo, musée du Louvre
 

Bien qu’en pratique les choses soient sûrement plus contrastées, et malgré la cohérence de cette idée avec la réalité médiévale, les artistes troubadours élevèrent cette réalité au maximum, les femmes selon eux étant dans le passé l’objet de tous les désirs, le sujet de la plupart des récits et le prétexte de presque tous les exploits. (P483) Il est vrai en effet que dans la société d’Ancien Régime et jusqu’au début du XXème siècle, les règles de la vie sociale française accordaient à la femme une place prépondérante, tempérée par les interdits du gouvernement de l’Eglise et de l’Etat ; elle était l’objet de tous les égards et compensait par des honneurs reçus les restrictions du pouvoir détenu par les hommes.

Fleury François Richard, La déférence de Saint Louis pour sa mère, Musée Napoléon Thurgovie, 1808
Fleury François Richard, La déférence de Saint Louis pour sa mère, Musée Napoléon Thurgovie, 1808
 

Dans son ouvrage, l’auteur recensait trois figures féminines principales avec l’héroïne guerrière incarnée par sainte Jeanne d’Arc, la souveraine admirable en la personne de Blanche de Castille et enfin l’héroïne chrétienne avec l’épouse du Roi Clovis, Clothilde.

Jean-Baptiste Mallet, Geneviève de Brabant dans sa prison baptisant son fils, musée de Cherbourg, 1824
Jean-Baptiste Mallet, Geneviève de Brabant dans sa prison baptisant son fils, musée de Cherbourg, 1824
 

Les vertus des chevaliers

François Pupil dans son ouvrage (P497) considère que, souvent, le chevalier accueilli au retour des croisades par une femme vertueuse et fidèle est un faire-valoir pour souligner la noblesse de l’épouse. Cependant, les sources manquantes, le chercheur explique qu’il est impossible d’en dire plus pour le moment à ce sujet. Cette hypothèse reste néanmoins très intéressante car bien souvent les œuvres troubadours permettent cette seule interprétation. On peut donc légitimement se demander si les œuvres troubadours ont pu rendre un hommage équivalent aux chevaliers vertueux.

Pierre Révoil, Le tournoi, musée des Beaux-Arts de Lyon
Pierre Révoil, Le tournoi, musée des Beaux-Arts de Lyon
 

La vertu doit se comprendre comme une habitude de la volonté, acquise par répétition des actes, et qui habilite l’homme à agir bien. A cette habitude à faire le bien du chevalier ou du héros, on peut ajouter également la possession des quatre vertus cardinales définies par le philosophe Aristote : le Courage, la Prudence, la Tempérance et la Justice.

Ces différentes caractéristiques propres aux héros et aux saints chevaliers a permis à différents personnages historiques d’emporter une gloire éternelle bien méritée. L’un des chevaliers les plus connus est certainement le chevalier Bayard (1493-1524), une de ses devises était : « Accipit ut det » : Recevoir pour donner. Sa vie est racontée par un de ses compagnons d’armes dans la Très joyeuse et très plaisante histoire du gentil seigneur de Bayart, le bon chevalier sans peur et sans reproche. C’est lui qui est à l’origine du chevalier sans peur et sans reproche dans l’imaginaire français.

Sa notoriété repose avant tout sur un épisode des guerres d’Italie resté célèbre, la défense du pont de Garigliano en 1503. Les armées françaises et espagnoles se faisaient face, séparées par le fleuve Garigliano, les Français étaient en très mauvaise posture et prirent la décision de se replier, prenant soin au passage de mettre le feu au pont enjambant le fleuve. Les Espagnols partirent malgré tout à la poursuite des français. L’armée française parvient à franchir un autre pont très étroit, et devant l’arrivée des troupes espagnoles, Bayard décide de couvrir la retraite de ses troupes en restant seul sur le pont!

Henri Félix Philippoteaux, Bayard sur le pont du Garigliano, 1840
Henri Félix Philippoteaux, Bayard sur le pont du Garigliano, 1840
 

Le terrain est à son avantage, l’ennemi est obligé d’avancer en colonne sur le pont et d’affronter chacun leur tour le chevalier qui les défait un à un. C'est finalement l'artillerie française, mise en batterie sur la rive opposée, qui contraint les Espagnols à refluer et met fin à la bataille.

Conclusion : aujourd’hui ?

Le style Troubadour reste assez peu connu et encore très mal défini ou délimité. Les études existent sur le plan littéraire mais manquent sur le plan artistique. François Pupil conclut malgré tout dans son ouvrage que celui-ci est une création plus ou moins heureuse d’œuvres dont l'action se passe dans un bon vieux temps avec un thème historique et littéraire et dont le decorum puise dans le gothique du Moyen-Age. L’ensemble de ces œuvres se tournent vers le registre de la sensibilité, permettant alors aux historiens de l’art de classer cette thématique dans la peinture romantique. Souvent traitée de manière intimiste au travers du choix d’épisodes particuliers du passé, la vie privée des personnages historiques permet aux peintres d’anoblir des sujets classés au premier abord dans la peinture de genre.

Jean-Baptiste Mallet, La salle de bain gothique, château de Dieppe, 1812
 

De nos jours le style troubadour n’existe plus, malgré l'existence d'une thématique médiévale très forte dans la création numérique. Lors de l'exposition sur ce style, mené par le musée de Bourg-en-Bresse en 1971, l'exposition a démontré au travers de trois générations d'artistes qu'un sujet médiéval ou la présence d'éléments gothiques ne peuvent suffire pour constituer un style ou un mouvement. De fait, l'univers troubadour contenait des valeurs que l’on ne retrouvait pas dans le monde et la littérature classique. Cette littérature et ce monde médiéval a permis aux peintres et à leurs contemporains de redécouvrir le merveilleux et le fantastique des contes et des anciennes fictions.

Alexandre-Evariste Fragonard, Bradamante sur la tombe de Merlin, musée d'Atlanta, 1820
Alexandre-Evariste Fragonard, Bradamante sur la tombe de Merlin, musée d'Atlanta, 1820
 

Actuellement, le Moyen Age continue d’être une source d’inspiration prolifique, le goût de la littérature et du romanesque ayant croît en faveur du monde prolifique du jeu vidéo ; cependant, c’est essentiellement comme une source d’inspiration pour l’imaginaire, plus que pour la réalité de la période historique. En cela, le style troubadour n’y trouve aucun écho et le goût du Moyen-Age n’est finalement qu’un point commun lointain. On peut alors conclure que le Moyen Age est un univers suffisamment riche pour permettre aux créateurs artistiques et vidéoludiques d’y trouver une inspiration féconde.

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Note :

Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) est un poète français, ami de Ronsard et membre de la Pléiade. Son succès ne rivalise pas avec celui de son ami mais reste très importante. Il introduit une versification du poème calqué sur la poésie de l’Antiquité.

Valentine Visconti (1366-1408) est une princesse milanaise devenue duchesse par son mariage avec Louis d’Orléans, frère du Roi Charles VI. Son mari est assassiné le 23 novembre 1407 par des sbires de son cousin et rival Jean sans Peur, Duc de Bourgogne. Retirée au château de Blois, elle fait graver sur les murs et sur le tombeau de la chapelle des Célestins la phrase devenue célèbre : « Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien. ». Valentine meurt à peine plus d'un an après l'assassinat de son époux, au château de Blois. Inhumée auprès de son mari dans la chapelle des Célestins de Paris, on peut voir aujourd'hui son gisant à la basilique Saint-Denis.

Geneviève, (le personnage est plus légendaire qu'historique) fille du duc de Brabant était l’épouse du palatin Siffroi. Marié depuis quelque temps, mais n’ayant pas encore d’enfants, le palatin dut la quitter pour rejoindre Charles Martel et son armée. Geneviève, enceinte le jour du départ de son mari mais sans qu’elle le sût encore, fut confiée à l’intendant Golo. Celui-ci n’étant pas parvenu à la séduire, la dénonça en affirmant qu’elle venait de donner le jour au fruit d’un adultère. Par courrier, Siffroi ordonna à Golo de faire noyer la mère et l'enfant. L’intendant livra les deux victimes à des domestiques, qui, parvenus dans une forêt voisine, furent émus et attendris. Ils résolurent de leur laisser la vie et de les abandonner dans ce lieu sauvage. Geneviève et son enfant survécurent dans la forêt grâce au lait d’une biche qui s’attacha à eux. Un jour, lors d’une chasse, Siffroi parvint jusqu’à la grotte où vivait Geneviève. Devant le caractère miraculeux de cette rencontre, il comprit la vérité et fit exécuter son intendant Golo. À l’emplacement où elle fut retrouvée, et en remerciement pour sa protection, Geneviève de Brabant fit ériger une chapelle en l’honneur de la Sainte Vierge.

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Style_troubadour consulté le 24/04/2019

https://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_de_style_troubadour consulté le 24/04/2019

https://www.universalis.fr/encyclopedie/style-troubadour/ consulté le 24/04/2019

https://arts.savoir.fr/les-mouvement-dans-la-peinture-troubadour/

http://culture.uliege.be/jcms/c_1809048/fr/le-moyen-age-dans-les-jeux-video consulté le 20/05/2019

https://www.etaletaculture.fr/histoire/le-chevalier-bayard/ consulté le 20/05/2019

 

Henry Havard, Les Arts de l'ameublement. Les styles, Paris, Delagrave, 1891 (Chapitre XIII)

Catalogue d’exposition organisé par la ville de Bourg-en-Bresse, le style troubadour, catalogue, musée de l'Ain, salle capitulaire (26 juin 1971 au 4 octobre).

François Pupil, le style troubadour : ou la nostalgie du bon vieux temps, presse universitaire de Nancy, 1985

Philippe du Puy de Clinchamps, La noblesse, collection Que sais-je?, PUF, 1959, page 89

Auteur : Mello

Modeste artiste et jeune père de famille, passionné et diplômé en histoire de l'art et en histoire. Parfois j'écris, souvent je dessine ! 🐑
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