La Renaissance

Publié le 29 octobre 2020 par Mello dans Histoire de l'art : Chronologiquement - Peinture traditionnelle, histoire de l'art, renaissance - 9

La Renaissance désigne une période particulière de la période Moderne (1453/1492-1789). En l'occurrence, elle donne naissance à la période, à l'image du soleil qui à l'aube, ramène le monde hors des ténèbres d'un soi-disant obscurantisme médiéval. Cette image d'un monde médiéval obscurantiste et d'une Renaissance lumineuse a été élaborée par les historiens du XIXe siècle et du début du XXe pour mettre à mal l'idée du Moyen-Âge et tout ce qu'il peut comporter. Ainsi, bien que cette connotation injustement négative tend enfin à disparaître, la Renaissance reste dans l'opinion générale une période artistique unique, particulièrement bien séparée d'avec la période précédente où les artistes vont puiser toute leurs inspirations de l'Antiquité gréco-romaine. La réalité est bien plus complexe que cela, et si l'idée d'une période unique est pratique dans l'enseignement scolaire pour assimiler ce qu'a été le monde du XVème au XVIème siècle, nous allons aujourd'hui tenter d'approfondir ces connaissances.

Historiographie

Le premier auteur à parler d'une renaissance est l'historien d'art Giorgio Vasari, lui-même étant peintre et architecte, il emploie le terme de Rinascita dès l'année 1568 dans son ouvrage sur Le vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori. Cet usage du mot Rinascita permet de voir que les érudits et les artistes avaient conscience d'être passés à autre chose, et s'il était impossible pour eux de dire depuis quand, à la fin du XVIème siècle, (une trentaine d'années avant le classicisme) les artistes avaient passé ce cap. Le terme de Rinascita doit se comprendre comme l’accaparement d'un héritage antique retrouvé, car ce n'est qu'au XIXème siècle que le terme de « renaissance » sera utilisé pour la première fois pour désigner une période historique et non plus le renouveau des lettres et des arts.

Cependant, ce sont les historiens postérieurs qui auront le recul suffisant et nécessaire pour comprendre l'évolution de l'art et des artistes. Toutefois, les caractéristiques de la Renaissance ne sont pas celles d'une révolution brutale avec le passé, mais celles d'une addition de caractères suivie d'une évolution volontaire. Par conséquent, la découpe historique entre Moyen-Âge et Renaissance est un sujet à débat important entre les historiens de l'art qui choisissent subjectivement un élément particulier comme césure chronologique. A cela s'ajoute la difficulté des particularités nationales ; en effet, chaque pays a vu se développer différemment la Renaissance et a donc une vision de l'Histoire différente de celle du voisin.

Malgré cela, on peut identifier objectivement un premier point de départ au XIIIème et XIVème siècle dans plusieurs villes italiennes. Au XVème siècle, la Renaissance se développe alors en Italie, en Espagne, dans les Flandres et le Saint-Empire avant d'atteindre tout le monde européen au XVIème siècle.

Par conséquent, si le Moyen-Âge se termine officiellement avec la chute de Constantinople en 1453 ou par la découverte des Amériques en 1492 et que l'on trouve déjà une forme de Renaissance dès le XIIIème siècle, il faut comprendre que la rupture entre le Moyen Âge et la Renaissance n'est pas aussi radicale qu'on le croît et que, loin d'être une révolution, il s'agit d'une évolution.

Histoire

Étant donné que la compréhension de la Renaissance par le biais de dates précises relève d'une acrobatie complexe et difficile, il vaut mieux chercher à la comprendre en identifiant les causes plurielles (militaires, littéraires, intellectuelles, etc...) et leurs conséquences sur les principes artistiques.

Cependant, il est également utile de s'attarder sur le Moyen-Âge qui demeure le point de départ de nos artistes de la Renaissance. Dans l'ouvrage sur la Renaissance de la collection des grands trésors de l'art, on nous explique dans l'introduction que « le renouveau de l'Antiquité est admiré par les intellectuels et les artistes, non pas parce que l'Antiquité était méconnue, mais car au Moyen-Age les traductions des grandes œuvres de l'Antiquité étaient incomplètes et parsemées de commentaires des traducteurs monastiques. La nouveauté de la Renaissance réside dans le fait qu'elle fait directement appel aux sources latines, arabes, hébraïque et grecques, ce qui permet d'obtenir une mine inépuisable d'idées. » P7 (La Renaissance ''les grands trésors de l'art'').

En effet, les copistes du Moyen-Âge, dans l'érudition de leur travail de bénédictins, avaient conservé et perpétué des textes de l'antiquité. Cependant plusieurs événements historiques vont fournir l'occasion au monde occidental de récupérer de nouveaux textes, originaux ou complémentaires, pour enrichir leurs propres fonds. Nous pouvons effectivement penser à la croisade détournée de 1204, où les croisés, sous l'influence des vénitiens, vont s'attaquer à Constantinople. Le monde occidental, et notamment Venise, vont pouvoir piller et récupérer une partie non négligeable des connaissances, de la culture et des œuvres artistiques byzantines (comme les célèbres statues en porphyre des quatre tétrarques), elles-même héritières et continuatrices de l'antiquité gréco-romaine. Nous pouvons peut-être y voir une première influence, même s'il est vrai que le monde romain oriental n'a jamais vraiment cessé de dialoguer avec le monde italien médiéval. La chute définitive de Constantinople en 1453 ne fera qu'amplifier le phénomène avec la migration byzantine en exportant de nombreuses connaissances conservées jusque-là dans les rayonnages de Byzance.

Toutefois, si ces premières influences permettent de montrer que la Renaissance puise profondément ses racines dans l'histoire médiévale, l'expression concrète de celle-ci ne se fait qu'à partir du XIVème siècle ; de fait, selon l'historienne Régine Pernoud, ce qui caractérise la Renaissance, c'est qu'elle concerne une période précise de l'Antiquité jusque-là délaissée, à savoir le siècle de Périclès. Il s'agit alors d'imiter une Antiquité que l'on considère parfaite.

Par ailleurs, l'accélération de la diffusion de la Renaissance dans le monde laïc a pu se faire grâce à l'invention de l'imprimerie. Les érudits laïcs (qui vont se qualifier d'humanistes) vont alors pouvoir accéder à un ensemble de connaissances antiques beaucoup plus facilement, leurs éruditions mêlées à leur passion va permettre, comme l'indique l'ouvrage, d'élargir l'éventail des sujets disponibles pour les artistes : « plus particulièrement avec les mythes et les allégories de l'Antiquité réinterprétées selon les inquiétudes du moment. Ainsi les vertus des gouvernements ou les vertus chrétiennes trouvent un mythe en lequel s'identifier et les sujets païens parviennent à s'intégrer à une société chrétienne. » P8 Il est nécessaire aussi de rappeler que malgré ce goût de l'antique « Les humanistes restent d'autre part profondément religieux ». P8 (La Renaissance ''les grands trésors de l'art'') d'où l'élargissement des sujets et non pas le remplacement.

Avec l'arrivée de ces nouvelles inspirations et de ce goût pour l'antique, la création artistique va être chamboulée, ceci d'autant plus qu'avec ces nouveautés culturelles, vont s'ajouter certaines avancées techniques tels que l'invention de la peinture à l'huile et l'entrée progressive de la toile plutôt que les panneaux de bois. En France, la Renaissance ne s'installe véritablement qu'à partir de Louis XII et François Ier : avec la fin de la guerre de Cent ans, le Royaume se stabilise et reprend ses forces. Ainsi, lors des premières guerres d'Italie, les Rois de France vont ramener avec eux des savants et des artistes de la Renaissance italienne. Toutefois, ce mouvement ne va pas générer une production artistique uniforme en Europe ; « les traditions médiévales et les particularités de chaque pays gardent une inertie importante sur de nombreux aspects, donnant lieu à de multiple réponses nationales à la Renaissance. » P8 (La Renaissance ''les grands trésors de l'art'')

Peinture et principes

Nous avons pu voir rapidement l'histoire de la Renaissance, il nous reste à voir quels sont les principes et les innovations techniques principales de cette période. De fait, la Renaissance repose sur l'inspiration et le retour à l'Antique, mais également sur l'usage de la peinture à l'huile et l'entrée de la perspective dans l’œuvre des artistes.

La peinture à l'huile, en soi, est déjà connue au XIème siècle, cependant la technique demeurait grossière et les ingrédients utilisés empêchaient les artistes de travailler correctement. En effet, il était nécessaire d'attendre longtemps entre chaque couche. C'est dans le monde flamand, entre les mains de l'artiste Jan van Eyck (1390-1441), selon Vasari, que va évoluer la technique de l'huile en y ajoutant des résines transparentes, permettant alors d'utiliser ces peintures pour des œuvres pérennes ; abandonnant alors la technique précédente de la Tempera qui consistait à obtenir une émulsion entre un liant (principalement l’œuf) et les pigments.

On assiste également à un changement de support, les artistes préférant la toile aux planches de bois, le bois ayant en effet pour inconvénient de limiter les dimensions des tableaux (tailles des planches et leurs poids), tandis que la toile possède plusieurs avantages, étant généralement de lin, elle est recouverte d’une couche d’enduit permettant à la peinture de s’y accrocher. La peinture à l'huile qui produit un film souple convient parfaitement à ce support également souple. Il était même possible de la rouler pour la transporter facilement de l'atelier au commanditaire. Toutefois il est important de signaler que la Tempera ne disparaît pas aussitôt, son usage se poursuit, généralement comme couche préparatoire.

Autre avantage, la peinture à l'huile est une technique lente à sécher. Cette particularité permet à l'artiste de prendre son temps, lui permettant de récupérer une erreur et de retravailler son motif pendant plusieurs jours jusqu'à obtenir le fondu, le modelé de la forme, la touche qu'il désire. A ce sujet les artistes italiens sont parfois divisés, nous pouvons prendre l'exemple de Léonard de Vinci qui aimait prendre son temps pour peindre, sauf exception (dans le cas des fresques, la technique oblige la vitesse) ; il ne se servait donc que de la peinture à l'huile. En face, certains artistes ont pu y voir une technique bonne pour les fainéants.

La perspective mérite en elle-même une étude plus approfondie, toutefois nous pouvons déjà survoler la notion au travers des études de Léon Batista Alberti (1404-1472) qui est le premier théoricien de la perspective. Il faut savoir qu'Alberti, en digne humaniste de son époque, est à la fois écrivain, philosophe, peintre et mathématicien. Cet aspect n'est pas négligeable car dans son traité sur la peinture il n'hésitera pas à se servir de ces connaissances parallèles comme il l'indique lui-même : « voulant écrire sur la peinture en ces brefs commentaires, nous emprunterons aux mathématiciens, afin de rendre notre parler plus clair, tout ce qui paraîtra s'appliquer à notre sujet. » p97 prenant soin de préciser qu'il « n'entend pas traiter la question en mathématicien, mais bien en peintre. » p98 (Léon Battista Alberti, de la statue et de la peinture) il évoque en effet les aspects généraux de la peinture, pour ensuite expliquer ses méthodes de construction de l'image, méthodes basées sur la géométrie. Sa construction de l'image repose sur la décroissance des objets en fonction de la profondeur représentée à l'aide des carreaux.

Cependant, si Alberti est l'un des premiers à écrire scientifiquement sur le sujet, cela n'a pas empêché les artistes précédents de construire inconsciemment des premières formes de perspective dans leurs œuvres.

Complément iconographique

Conclusion

La Renaissance est une période relativement vaste en raison de sa diffusion lente en Europe et particulièrement riche en raison de l'héritage antique que les artistes récupèrent, comme par ses innovations techniques. Il n'est pas étonnant alors que bon nombre de chercheurs ou d'admirateurs de cette période, aient pu voir en la Renaissance une sorte d'âge d'or tirant l'humanité hors d'un moyen-âge médiocre. Cependant, un regard plus objectif et attentif nous permet de comprendre que cette période est une évolution, elle conserve les caractères d'antan tout en s'ouvrant à de nouvelles perspectives de création. La permanence des caractères nationaux va permettre aux artistes de multiplier les variétés et donner à la Renaissance cette richesse qu'on lui connaît bien.

Sources

Léon Battista Alberti, de la statue et de la peinture, traduit par Claudius Popelin, Paris, chez Lévy éditeur, 1869

La Renaissance, Madrid, Mkroom éditeur, ''les grands trésors de l'art'', 2009, 285pages

https://fr.wikipedia.org/wiki/Renaissance consulté le 07/03/2020

https://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_de_la_Renaissance consulté le 07/03/2020

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tempera consulté le 12/03/2020

https://fr.wikipedia.org/wiki/Leon_Battista_Alberti consulté le 15/03/2020

https://fr.wikipedia.org/wiki/Perspective_(repr%C3%A9sentation) consulté le 15/03/2020