Interview de membre #7 : Orel, de débutant à la sortie de sa première bande dessinnée

Publié le 4 avril 2022 par Spartan de DPS dans Interviews de membres - Bande dessinée, Dessin, Digital Painting - 14

Voici enfin la 7è interview de membre de la communauté DigitalPainting.school. La volonté est de mettre en avant les talents, les parcours et les personnes qui font vivre ce site et qui donnent tout dans leur passion pour atteindre leur objectif. Ensuite c’est aussi pour TE motiver, toi et les autres membres ! Cela change des artistes au sommet de l’industrie : ici ce sont des membres inscrits au même endroit, partis du même niveau, qui partagent leur parcours. Cette fois c'est Orel qui est à l'honneur.

J'ai trouvé le profil d'Orel très intéressant pour une interview de membres car il a suivi un chemin tortueux et peu conventionnel pour réussir à gagner sa vie de son art. En effet après ses études de Master il s'est orienté vers le métier de graphiste avant de se ré-orienter sur le digital painting en autodidacte. Et là nous sommes loin de l'illustration classique ou du concept art en studio puisqu'Orel pratique autant du storyboard ou du "rough" que de l'illustration et son premier gros projet a été de travailler durant 2 ans sur la création d'une BD dont vous êtes le héros... un projet monumental de plusieurs centaines d'illustrations ! Simple élève DPS, aspirant freelance ou dessinateur de BD, tu devrais y trouver ton compte.

J'espère que cette interview saura t'apporter inspiration, motivation et leçons utiles :

 

Icone formation digital painting Place aux questions :

Je t’invite à te présenter. Nous avons des membres et élèves de tous les horizons, âges et situations sur DigitalPainting.school. Que peux-tu nous dire sur toi ?

Bonjour à tous, je m’appelle Aurélien Delauzun, lorsque j’écris ces lignes j’ai 29 ans et je suis papa d’un petit garçon de presque 2 ans, Eloan. J’habite le sud de la France et j’ai la chance de pouvoir maintenant me présenter comme dessinateur professionnel ! Je dis dessinateur car je travaille sur beaucoup de médias différents et avec des objectifs différents (illustration, graphisme, storyboard, rough, BD, enseignement, etc). Pour vous faire un bref résumé de mon parcours, j’ai passé un BAC pro architecture, puis 5 ans d’étude dans le design et la communication visuelle pour décrocher un Master 2 et enfin débuter ma vie professionnelle en tant que graphiste. Je suis depuis 3 ans en freelance ce qui explique la pluridisciplinarité de mes activités.



D’où t’est venue ta passion pour le digital painting ? Dessines-tu également en traditionnel ?

Je dessine depuis que je sais tenir un crayon (le bon vieux cliché), bien entendu la progression n’a pas été linéaire, n’y l’envie de pratiquer d'ailleurs. Mais au plus loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu en faire mon métier. Malheureusement je ne pratique plus beaucoup le traditionnel, seulement pour des séances de nu ou croquis d'extérieur. Mais à l’instar de Johan Grenier j’aimerais dans un futur proche faire des stages de peinture à l’huile.



Comment as-tu découvert DigitalPainting.school ?

En sortant de l’école j’ai fait 1 an de freelance un peu difficile, le manque de réseau étant la raison principale de mon absence de travail. C’est durant cette période que j’ai découvert DPSchool. Juillet 2015 j’ai reçu pour mon anniversaire une belle cintiq 13HD que je possède encore, j’ai alors commencé à gribouiller des choses en regardant des vidéos sur Youtube, notamment les tutos de Spartan et de fil en aiguille je me suis inscrit sur le site.



Tu as écrit sur le forum que tout a commencé il y a 5 ans pour toi grâce à mes tutoriels (Spartan). On peut dire que t’as pas chômé ! Tu es fier de ton parcours ?

Honnêtement j’en suis fier, mais c’est beaucoup de travail et il me reste encore tellement de chemin à parcourir. Comme dit souvent mon ami Éric Henninot “ Le dessin c’est ptin qué dur ! “.



Pendant combien de temps t’es-tu entraîné de manière active en digital painting ? Et à quel rythme par jour ou semaine ? Avais-tu un fonctionnement particulier ?

L’entraînement et l’implication que j’y consacre ont été exponentiels, je suis passé de une à deux illustrations par semaine à 8h par jour, tous les jours. C’est étroitement lié au travail qui m’est demandé mais même en période creuse j'essaie de rester actif. Durant un moment je m’imposais un Daily Spitpaint (speed painting de 30 min avec thème imposé) le matin avant de commencer la journée, c’est un super exercice pour échauffer sa main et son cerveau. Maintenant c’est plus un passe temps.



As-tu dû faire des sacrifices pour atteindre tes objectifs et t’adonner ainsi à ta passion ? Si oui, tu peux nous en parler ?

Je pense que comme toute activité professionnelle passionnée, on est obligé de faire des sacrifices si on veut pouvoir en vivre. Tout est une question d’équilibre, d’autant plus avec un enfant. Nos journées sont rythmées par nos responsabilités et nos choix privés ou professionnels. L’avantage d’être indépendant c’est la souplesse horaire dont on peut bénéficier. En gros bébé, boulot, bébé, boulot, dodo et parfois une sortie avec les potes.



J’ai l’impression que tu es plus orienté “speed painting” et que tu passes peu de temps sur chaque image comparé à des artistes passant plus de 30h sur leur digital painting, je me trompe ? D’où ce style te vient ?

Je suis totalement fan du travail de Craig Mullins, et je pense qu’instinctivement j’essaie de me rapprocher de ces rendus. Mais la raison principale est plus terre à terre, j’essaie d’avoir un équilibre entre qualité de rendu et temps passé et donc gagner en productivité. Notamment avec la BD ou le storyboard ou il y a une quantité astronomique d'images à produire. Je pense qu’au file des cases c’est devenu ma patte, même si je ne suis jamais contre prendre mon temps pour faire une belle image !

 



Ta première BD, “L’Obsidienne”, va être éditée chez Makaka Editions et j’imagine que c’est l’aboutissement d’un projet qui a commencé il y a longtemps. Tu parles de bientôt 2 ans et 400 illustrations au total. Peux-tu nous raconter quand tu as eu l’idée pour la première fois et comment tu en es venu à travailler sur ce projet de BD ?

En effet c’est l'aboutissement de 2 ans de travail et 400 illustrations mais je ne suis pas à l’origine du projet. Guillaume Gigleux dit Chifoumi, féru de jeu de société et écrivain de génie à fait naître l’obsidienne il y a maintenant 5 ans. Projet trop ambitieux, manque de temps ou raison personnelle ont fait que plusieurs illustrateurs s’y sont cassés les dents. Et un jour j’ai reçu une annonce via un ami, j’ai postulé et ils m’ont fait confiance pour mener le projet à son terme.



Atteindre le niveau artistique suffisant, devenir rapide, peindre des centaines de cases, réussir à convaincre un éditeur… Tu ne t’es pas dit au départ que c’était un projet un peu fou ? Qu’est-ce qui t’a fait y croire ? Et tenir sur la durée ?

Comme dirait le grand philosophe Hubert Bonisseur, “j’aime me battre”.
Plus sérieusement les circonstances étaient bonnes. Étant fan d’héroic fantasy, le principe de BD dont vous êtes le héro ma beaucoup plus, ainsi que l’histoire et l’univers, alors je me suis dit “pourquoi pas ?“. C’est alors que je me suis lancé dans la plus difficile et enrichissante expérience de ma vie. Honnêtement j’ai eu des hauts, des bas, des doutes, des peurs et des joies. J’ai essayé de mettre le meilleur de moi-même dans ce projet et ce qui m'a fait tenir sur la durée c’est la notion d’exercice. Pour moi c'était une façon d’évoluer dans mon art et d’avoir un objectif à atteindre même si il était difficile. Donc tous les jours je peignais 1 ou 2 cases, puis 5 à 8 sur la fin de la BD. Et grâce à cette pratique régulière et intensive j’ai pu faire évoluer mon trait.



Tu as une anecdote sur la création de cette BD ?

J’ai fait la moitié de la BD avec les deux poignets cassés sans le savoir.
Suite à une chute de moto je pensais m'être fait deux tendinites, mais après avoir récemment fait une IRM, ils se trouvent qu’ils étaient microfracturés. Je bandais mes poignets comme un boxeur et au boulot !



Comment as-tu trouvé ta maison d’édition ? C’était facile de vendre le projet ?

J’ai eu la chance d’avoir été choisie par la maison d’édition et non l’inverse. Mais ayant un futur projet de BD, je vais sûrement devoir m’y coller, je vous dirai donc à ce moment-là.



Le thème est en plus assez spécialisé (stratégie militaire médiévale) et je trouve intéressant de voir un digital painter faire autre chose que de la fantasy ou de la SF. C’est quelque chose qui t’a toujours passionné ou tu es tombé sur ce thème par hasard ?

J’ai toujours apprécié l’univers médiéval et les jeux de plateaux, ce type de livre est le parfait mix des deux. Mais le choix de cette orientation stratégie militaire revient encore une fois à Guillaume.



Tu avais un autre emploi ou d’autres contrats à côté ? Comment tu t’organisais ?

Avant de me remettre en freelance j’ai travaillé 2 ans en tant que graphiste pour les téléphones Wiko. J’ai profité d’une rupture conventionnelle collective pour me lancer à cœur perdu dans le digital painting. Grâce à cette expérience j’ai pu me faire mes premiers contacts et prospérer en tant que freelance. On apprend vite à jongler dans l’organisation de ses journées, une fois tous les briefs reçus je classe les projets par ordre de priorité et j'essaie d’être le plus efficace tout en garantissant la meilleure qualité possible. En gros, les nuits sont courtes.



Tu as traversé des difficultés pour mener à bien ce projet ? Si oui, tu peux nous en parler ?

Je pense que le plus difficile pour moi était de garder une certaine régularité. C’est un marathon, il faut se donner des objectif à long et court terme et petit à petit avancer sans relâche vers la fin. Et franchement c’était pas gagné, mais j’avais la chance d’être bien accompagné. Je dis pas que cette aventure n’a pas mis à l’épreuve mon couple et ce n’était pas rose tous les jours, mais on s’en est sortis ! J’espère maintenant que le projet aura du succès et que le pari que j’ai fait il y a 2 ans sera rentable.



J’imagine que peindre toutes ces planches a dû énormément te faire progresser ? Si oui, tu conseillerais à d’autres membres de DPS de s’investir dans un projet personnel comme celui-ci pour progresser ?

Ce projet m'a énormément fait progresser mais si je veux être honnête ce n’est pas quelque chose que je conseillerais à tout le monde. C’est la méthode HARDCORE, on en souffre physiquement et mentalement. Après avoir des objectifs comme les Challenges de DPS / exercices hebdomadaire, ça c’est un grand OUI. Faites les choses progressivement et de façon régulière et vous atteindrez vos objectifs.



Où trouves-tu l’inspiration? As-tu des artistes préférés?

Pour citer quelques noms : Johan Grenier / Craig mullins / Karl Kopinski / Mark Schons…Sinon j’ai mon rendez-vous hebdomadaire du magazine de DPS.
Je vous invite tous à regarder mais surtout écouter les interviews sur la chaîne de DigitalPainting.school. C’est extrêmement formateur. Petit conseil batailles de cavalerie : tapez Bouzkachi, c’est un jeu afghan qui ne respecte pas beaucoup la cause animale mais bordel la référence que ça génère.



As-tu d’autres hobbys que le digital painting ?

La moto est une de mes plus grandes passions, j’ai retapé une vieille Yamaha Virago de 1991 pour en faire un bobber, j'ai fait un peu de boxe, je joue de la guitare et je joue au jeux vidéo.
Mais ces derniers temps c’est difficile de sortir du train-train, j’aimerais m'y remettre plus sérieusement.



Alors, après cette BD dont vous êtes le héros, c’est quoi tes plans ?

Continuer à peindre et dessiner pour gagner ma vie ! J’ai un autre projet de BD “classique” en digital painting sur le feu, mais cette fois je prends les reines du scénario et du dessin. Pour le moment, ce ne sont que des ébauches mais ça avance. On verra bien où ça nous mène.



As-tu des conseils à donner aux autres élèves ou toute personne souhaitant progresser rapidement ?

Le meilleur moyen de progresser rapidement c’est de prendre son temps.
Soyez curieux, travaillez dur, fixez-vous des objectifs atteignables, avancez progressivement et régulièrement.

Merci à tous ceux qui ont pris le temps de me lire, n’hésitez pas à me faire vos retours sur la BD ! J’ai hâte de vous retrouver pour de nouvelles aventures ! AU BOULOT !

 

Icone formation digital painting Retrouve Orel sur DPSchool

 

Icone formation digital painting Liens de l'artiste

Retrouve l'artiste et ses travaux sur les plateformes suivantes :

 

Merci à Orel d'avoir pris le temps de répondre à mes questions et de partager ses conseils et anecdotes avec les membres de DPS. Personnellement, je suis toujours abasourdi par l'anecdote des poignets cassés ! 

Je répète souvent qu'il n'y a pas que l'illustration de fantasy ou le concept art pour gagner sa vie du digital painting et c'est pourquoi j'aime mettre en avant des profils différents et inspirants comme Orel. Faire ce qu'on aime peut prendre plusieurs formes mais le point commun reste toujours une grande dévotion pour progresser comme l'a démontré Orel.


Je lui souhaite bonne chance pour la suite de sa carrière qui me semble sur les bons rails et je te conseille de garder un oeil sur son travail et pourquoi pas de lire cette BD si c'est ton style. ;) 

J'attends ton avis sur cette interview en commentaire et je remercie encore une fois Orel.

 

 

Auteur : Spartan de DPS

Depuis toujours animé d'une passion et d'une soif de partage intarissable et aujourd'hui concept artist, illustrateur et formateur, Spartan (Gaétan Weltzer) est le co-fondateur et premier formateur de DigitalPainting.school. C'est également la personne qui doit supporter Léonardus quotidiennement. Des fois cochon-danseur, dessinateur de saucisse volante ou porteur de string de Noël. A votre service.
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